Il est important de préciser que cette critique ne concerne que mon avis personnel et le ressenti que j’ai eu en lisant cette histoire (et Dieu sait que je suis une lectrice difficile). Toutes les informations seront à prendre ou à laisser. Au bon vouloir de l’auteur(e). Je ne suis pas une auteure parfaite et il est plus facile de critiquer les œuvres des autres que d’appliquer ses propres conseils, mais je fais cela dans le but d’aider ce qui le souhaite. Attention ! Cette critique contient des spoils.
Nom : Bannie
Auteure : @Danna-Anay
Statut : Terminé – 22 chapitres
Résumé : Calissa habite dans l’une des dernières villes concentrant le peu d’ êtres humains ayant survécu à la Dernière Guerre.
Ce conflit international, armé de bombes nucléaires, a détruit la majeure partie du monde. Dans cette société ultra réglementée et stricte, Calissa a dû survivre malgré sa condition de niveau 1, le pire de tous. Condamnée à lutter jour après jour pour sa survie et celle de ses proches, Calissa commettra l’ impardonnable et sera bannie au delà des frontières de sa ville, la Ville 15. Laissez-vous emporter par Calissa et son récit de sa vie d’avant.
Persuadée que sa vie se terminera dès sa sortie, Calissa décide de lâcher prise et d’affronter son destin.
Mais une fois encore, les choses ne sont pas telles qu’elles semblent l’être et Calissa risque d’être surprise par ce qui l’attend.
Entrez, lecteur, et découvrez vous aussi ce qui se trouve »au-delà de la frontière ».
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Bannie est une histoire dystopique qui se déroule dans un univers post-apocalyptique provoqué par la Dernière guerre.
Le prologue est intrigant et nous invite à nous poser énormément de questions sur l’univers qui entoure le personnage principal. Pourquoi Calissa a-t-elle été bannie ? Les prochains chapitres sont là pour tout nous expliquer.
Alors j’ai beaucoup à dire au niveau de l’intrigue qui est l’élément qui m’a me plus dérangé. Hormis ça, j’ai apprécié l’histoire dont l’univers est riche et dont le message finale est fort.
L’univers :
On en apprend énormément sur l’univers dès le début de l’histoire. L’auteure nous explique comment le monde a été transformé et comment les sociétés humaines se sont reconstruites ; les nombreuses dérives du pouvoir, l’écart des classes. Dans Bannie, il existe des villes protégées de l’extérieur par des remparts. Là-bas, les gens sont séparés en niveaux correspondant à une palette de métier bien défini, et à beaucoup (ou très peu, voir aucun) de privilège.
Au départ, j’étais tenté de dire que cet univers manquait de nuance : les bons sont bons et les méchants sont méchants. Or, certains personnages finissent par répondre à cette problématique au fils du texte. Nous découvrons un monde plus complexe.
[SPOIL]
Dans le chapitre 6, l’auteure nous explique que les médecins s’exercent sur les niveaux 1 pour apprendre leur métier, puis disparaissent. Mais comment peuvent-ils être sûrs d’avoir bien fait leur travail s’il n’y a pas un minimum de suivi ? Cela aurait été plus cohérent que des niveaux 1 soient kidnappés pour faire l’objet de test. Par exemple, durant l’esclavage, des personnes noires (hommes, femmes ou enfants) étaient emmenées pour servir de cobaye dans le domaine médical.
Point fort : un univers riche et intéressant à découvrir.
Points faibles : la longueur et l’emplacement du long « flashback » dans le récit.
L’intrigue :
Lorsque ma lecture s’est terminée, j’étais confuse et assez déçue. Je m’explique.
Le roman est centré sur l’histoire de Calissa, son expérience, et aussi sa relation avec Yonis. Au milieu du texte, nous en apprenons sur les exilés, les rebelles et les différents camps qui existent en dehors des villes. Malheureusement, cette partie de l’histoire reste secondaire et n’est pas autant développée que la relation de Calissa et Yonis. Aussi, lorsque la fin est arrivée, j’ai reçu un plat alors que j’en avais commandé autre chose sur le menu.
Et la fin… Celle-ci m’a dérangé, car rien dans l’histoire ne m’avait préparé à quelque chose de semblable. Alors oui, l’histoire parle de libération, de changement et de bouleversement du système, mais cette partie du récit est restée trop mineure dans l’histoire pour justifier une telle fin.
On sent que l’auteur a voulu écrire une histoire de révolution, d’émancipation, de liberté et d’amour. Malheureusement, elle n’a pas su donner de l’importance à chacune de ces parties au moment donné. Le début est extrêmement développé alors que la vie de Calissa après son bannissement et au sein du camp ressemble à un résumé en comparaison.
J’ai trouvé les premiers chapitres longs. Peut-être parce que j’étais impatiente de savoir ce qui avait poussé Calissa à cette fameuse scène de l’épilogue. Mais je ne vais rien dire par rapport à cela, car bien que long, ces premiers chapitres instaurent de bonnes bases et nous permettes de connaître les personnages, leur personnalité, et l’univers.
Toutefois, lorsque le point de vue de Yonis arrive, bien plus tard dans l’histoire, j’ai eu l’impression de revivre le début du récit. Et ça m’a perdu.
Idée : pourquoi ne pas compter l’histoire du point de vue des deux personnages dès le début, car apparemment, Calissa et Yonis sont tous les deux très importants sur ce qui adviendra par la suite ? Cela éviterait que le point de vue de Yonis tombe étrangement au milieu du décor et éviterait au lecteur de vivre le commencement une seconde fois.
[SPOIL]
Certaines parties manque de crédibilité.
Exemple dans le chapitre 10. L’auteur a voulu montrer les épreuves du personnage à sa sortie de la ville, mais les choses sont exagérées et irréelles. Alors oui, montrer la force morale du personnage est important, mais ici, ça va trop loin.
Quand une personne a le pied qui tombe dans un piège de ce type, sa cheville est brisée, voire broyée. Son bâton l’aide, soit, mais ensuite, elle traverse une rivière et j’imagine qu’il y a un minimum de courant sans compter qu’un animal lui mord la jambe.
Imaginons que tout cela puisse être possible. Comment a-t-elle pu grimper à un arbre avec sa cheville brisé, ses blessures et la fatigue ? Un arbre ou même des animaux de la forêt et peut-être des animaux mutants ne parviennent pas à grimper ? La volonté ne suffit pas, car si le corps ne peut pas suivre, il ne peut pas suivre.
Un autre détail, et je parle d’expérience, quand la peau est à vif, le froid accentue la douleur.
Il y a diverses scènes de ce type dans le texte après que Calissa ait quitté la ville 15, mais je ne vais pas toutes les énumérer ici. Même dans un roman de science-fiction, la cohérence est importante.
Dans le chapitre 16, je ne comprends pas le comportement de Ramak. Pourquoi accepte-t-il de délivrer le message de Calissa ? Les autres personnes du camp ont dû faire des requêtes similaires auparavant ? Alors, pourquoi l’accorder à Calissa qu’il connaît depuis peu au risque de mettre en péril la sécurité du camp ? Pour moi, ce qu’il lui dit n’est pas une raison suffisante.
Astuce : toujours se demander « pourquoi » lorsque l’on écrit. Cela est un bon moyen d’éviter les incohérences dans un roman.
Le chapitre 22…
Dès la première phrase, ma réaction fut « What ? ». Cette fin est beaucoup trop précipitée.
Nous avons un chapitre sur Gabriel, le fils de Calissa et Yonis, 25 ans plus tard. Les deux principaux protagonistes que nous suivions jusque là sont morts et la libération de la première ville commence.
Premier élément qui m’a déboussolé c’est la mort de Calissa et Yonis. Seulement 25 ans après ! Alors oui, l’espérance de vie n’est pas grande, mais ils étaient encore jeunes. Alors comment sont-ils morts ? Mais surtout, pourquoi décidé à la dernière minute de relayer les personnages principaux à l’état de souvenir et nous laisser avec le chapitre d’un Gabriel que nous n’avons même pas appris à connaître ?
Je trouve cela dommage, car la symbolique derrière ce dernier chapitre est forte et je la comprends totalement. Mais ça ne colle pas avec ce qu’il y a eu jusque là. Je pense que ce chapitre m’aurait moins dérangé si Yonis et Calissa étaient encore en vie et qu’ils menaient cette libération, accompagné de leur fils qui serait ensuite montré comme un symbole d’espoir et d’avenir.
Points forts : le message apporté, la symbolique
Points faibles : manque d’équilibre et de cohérence.
Les personnages:
Le personnage de Calissa et de son entourage est bien dépeint. L’auteure leur donne de la profondeur et parvient à les décrire efficacement.
Quel que soit mon avis sur les premiers chapitres, ils permettent d’en apprendre davantage sur Calissa, la vie qu’elle mène, les difficultés qu’elle traverse et les épreuves qu’elle doit surmonter.
Sa relation avec Yonis est convaincante et amenée avec succès.
Les émotions des personnages sont également très bien décrites, ce qui rend les scènes plus percutantes. On se met facilement à leur place lorsqu’il ressent de la tristesse, de la colère ou de la joie.
[SPOIL]
L’unique point que je trouve à critiquer est la relation qu’entretient Calissa avec Kamar que je trouve précipité. Le développement n’est pas suffisamment abouti à mon sens, car nous ne prenons pas le temps de les voir évoluer ensemble ou échanger régulièrement. Cela est dû au fait que la vie de Calissa au sein du camp soit racontée de manière plus expéditive.
Points forts : description des personnages et des relations qui les lient.
Points faibles : les relations qu’entretient Calissa avec les personnages secondaires (hors Yonis et l’entourage familial proche) sont parfois trop rapides et de ce fait, manque de crédibilité.
L’écriture :
Durant ma lecture, j’ai pu constater des fautes d’inattention et des erreurs de temps, ainsi que des répétitions. Rien qui ne puisse être corrigé avec une bonne relecture. Le style de l’auteure est simple et fluide. À aucun moment je n’ai été gêné dans ma lecture, ce qui est un très bon point.
Seul bémol : la voix de Calissa lorsqu’elle était enfant. Je trouve qu’elle ressemble trop à celle de Calissa adulte, ce qui n’est pas cohérent.
[SPOIL]
Dans les premiers chapitres, nous découvrons la vie de Calissa lorsqu’elle était petite (7 ans) et je dois avouer avoir été perturbée par son langage. On pourrait la croire plus âgée ou enfant de bonne famille ayant reçu une éducation poussée. Or, on apprend que Calissa n’est jamais allée à l’école, comme ses parents sans doute, et qu’elle ne s’est pas lire. Le seul enseignement qu’elle a reçu n’a duré que quelques mois et avait pour unique but de lui apprendre le fonctionnement de la ville 15 et son histoire.
Il est possible d’acquérir des connaissances sans aller à l’école, mais il n’est pas cohérent qu’elle ait un langage aussi soigné alors qu’elle vit dans un environnement non instruit et analphabète. N’oublions pas que les niveaux 1 n’ont accès à rien et sont littéralement les rebuts de la société.
Points forts : écriture claire et fluide.
Points faibles : des erreurs d’inattentions.
Remarques générales :
Bannie est une bonne histoire avec un univers riche et intéressant à découvrir. Les thèmes abordés sont pleins de sens et ont de l’importances, bien qu’ils soient exploités maladroitement. Les personnages sont attachants et l’auteure nous donne envie de les suivre dans leurs aventures.
Une petite déception pour la fin qui, à mon sens, ne correspond pas à ce qui avait été amené et développé.
Conseils/axes d’amélioration :
- Équilibrer les points de l’intrigue
- Crédibilité et réalisme
- Une fin cohérente
- La voix de Calissa enfant.
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N’hésitez pas à vous rendre sur le profil de l’auteure pour découvrir son récit !
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